Compulsions alimentaires, anorexie, boulimie… Autant de termes qui recouvrent des réalités différentes, regroupées sous le prisme général des troubles des comportements alimentaires (TCA) et qui ont en commun un rapport au corps et à l’alimentation perturbé.
Véritables enjeux de santé publique, ce sont des pathologies de plus en plus fréquentes. Pourtant, leur prise en charge reste complexe.

Ces troubles sont une forme de réponse aux besoins profonds de la personne. Il peut s’agir de besoins de sécurité, de contrôle, etc. Une réponse certes dysfonctionnelle, mais qui a donc une forme “d’utilité” pour la personne malade. Ainsi la guérison, même intimement désirée (voire parfois physiologiquement indispensable, peut être source d’angoisse). Donner un sens à sa rémission, trouver les motivations profondes, peuvent éviter de foncer droit dans le mur.


Admettre que l’on souffre n’est jamais simple. Comprendre que l’on souffre d’un trouble alimentaire et que l’on ne peut pas s’en sortir seul est une étape. Faire la démarche pour une prise en charge est parfois douloureux et compliqué. Choisir un thérapeute devient une épreuve. Trouver une modalité de prise en charge qui permettra d’aborder toutes les dimensions de la maladie est un exploit !

Face à ces troubles complexes et qui s’installent souvent dans la durée, de nombreuses approches thérapeutiques coexistent. La sophrologie, en tant que thérapie à médiation corporelle, basée sur la respiration, la relaxation musculaire et la visualisation mentale positive se révèle être une bonne indication dans ce type de troubles. 

Sophrologie et TCA

Adaptée aux TCA, elle permet de s’approcher des failles qui ont mené au symptôme alimentaire. Ce travail procure à la personne un quotidien moins pesant, l’envie de redécouvrir des plaisirs simples mais souvent devenus inaccessibles tels que la convivialité, la communication, le plaisir… C’est aussi un apprentissage du lâcher prise par l’acquisition d’une plus grande confiance en soi. Enfin, elle permet d’élargir la palette des réponses possibles pour réagir à ces troubles.

Elle est donc un aspect de la prise en charge pertinent mais encore (trop souvent) négligé. 

Dans cet article, je vais tenter de vous montrer en quoi le recours à un sophrologue spécialisé dans l’accompagnement des troubles alimentaires peut naturellement être proposée aux personnes qui en souffrent. 

Les troubles du comportement alimentaires : petits rappels (utiles)

Quelques éléments de clarification

Des idées reçues qui n’aident pas les malades

Pour commencer, évacuons de suite les idées reçues sur les troubles alimentaires.

Les troubles du comportement alimentaires désignent des psychopathologies qui touchent au rapport que le sujet entretient avec l’alimentation. Les deux plus connus d’entre eux sont l’anorexie et la boulimie, et bien souvent, leur évocation fait appel à des imaginaires qui ne reflètent qu’une partie de la réalité. Voire parfois à des clichés un tantinet exaspérant. 

L’anorexie mentale n’a rien à voir avec un caprice alimentaire ou un petit régime.
La boulimie ne se définit pas comme un craquage occasionnel sur un pot de glace.
Ce sont des pathologies qui sont inscrites au registre des troubles psychiatriques et qui comptent d’ailleurs parmi les troubles mentaux les plus fréquents : selon l’Assurance Maladie, 10% de la population serait concernée par un TCA

De nombreuses personnes n’ayant qu’une connaissance limitée du sujet se permettent de délivrer des réflexions assez simplistes : « les mannequins/filles minces sont toutes anorexiques » (et sa réciproque, « les anorexiques font ça pour être minces/devenir mannequin/se faire remarquer/… »). D’autres remarques typiques peuvent être celles insinuant que les malades n’ont qu’à faire preuve d’un peu de volonté face à la nourriture pour que tout s’arrange : il suffirait ainsi que les anorexiques mangent, ou que les boulimiques se contrôlent, pour que leurs problèmes disparaissent.

Sophrologie et TCA

L’imaginaire lié aux TCA peut aussi conduire à utiliser le vocabulaire qui y est associé d’une manière non appropriée. Les conséquences de ces erreurs involontaires paraissent minimes, mais ne sont pas anodines. Par exemple, le mot « anorexique » est parfois employé à tort ou à raison pour désigner une jeune fille très mince, et pour beaucoup, une telle personne est plutôt une adolescente qui cherche à respecter les canons de beauté imposés par la société.

Cependant, cette image reste une vision limitée des faits : si la prévalence de la maladie chez les adolescentes n’est pas à nier, la représentation commune rend moins visible le fait que certaines des personnes atteintes sont de sexe masculin, et que les TCA peuvent se déclencher et/ou perdurer après l’adolescence. Quant à la question de l’apparence, il est vrai que les pressions sociales poussant à rechercher la minceur (en particulier pour les femmes) peuvent jouer un rôle dans l’apparition de la maladie. Toutefois, il est assez réducteur de considérer les anorexiques comme des adolescent(e)s obnubilé(e)s par leur poids (ce cliché pourtant si souvent véhiculé). En effet, des causes génétiques ou hormonales de cette maladie ont été détectées. 

Mais surtout, la privation de nourriture est souvent l’expression d’un mal-être, d’anxiété ou d’un sentiment de perte de contrôle sur sa vie chez le ou la malade. 

Des maux (trop) méconnus

On considère qu’il y a Trouble du Comportement Alimentaire quand une personne développe une relation inhabituelle avec la nourriture / son alimentation, et que celle-ci s’accompagne d’une souffrance psychique et physique durable. Les symptômes associés peuvent aller de l’anxiété à la dépression, de l’obésité à la dénutrition, en passant par d’autres problèmes moins visibles (troubles intestinaux, dysmorphophobie, aménorrhée, problèmes cardiovasculaires…).

Sophrologie et TCA
Des troubles qui peuvent aussi concerner les hommes…

L’anorexie et la boulimie sont les deux TCA dont on entend le plus souvent parler, mais c’est un peu plus compliqué que ça.

En s’appuyant sur les définitions données par la Fondation pour la Recherche Médicale en France pour distinguer les 3 troubles principaux :

  • L’anorexie mentale qui “se caractérise par une alimentation insuffisante par rapport aux besoins physiologiques, par des perturbations de la perception du corps liées à l’estime de soi et par un refus de prendre du poids même lorsque le corps est très amaigri.”
  • La boulimie qui se manifeste par des épisodes de surconsommation de nourriture (qu’on appelle des crises) “suivies de comportements compensatoires inappropriés : vomissements, jeûne, exercice physique excessif”, ou de restrictions alimentaires… qui mènent souvent aux crises boulimiques, et ainsi de suite, pour un cercle vicieux infernal. Les personnes boulimiques ont en général un poids stable, ce qui rend la maladie difficile à détecter.
  • L’hyperphagie (= le binge eating disorder), qui “se présente sous la forme d’épisodes récurrents de crises de boulimie mais sans comportements compensatoires associés”. De nombreuses études font donc état du lien entre l’hyperphagie et l’obésité. 

Précision utile : l’obésité n’est pas un TCA, même si elle peut-être une des (nombreuses) conséquences de ces troubles.

On compte aussi parmi ces troubles les troubles de l’alimentation nocturne ou night eating disorder (personnes qui s’alimentent seulement à partir de la fin de la journée et consomment de grandes quantités de nourriture au dîner, après et tard dans la nuit), l’orthorexie (l’obsession pour la qualité nutritionnelle / digestive de l’alimentation), encore le pica (ingestion compulsive de substances non-comestibles).

J’arrête ici une liste qui est malheureusement encore longue…

Sophrologie et TCA

Des similitudes et des réalités différentes selon les troubles

On observe des similitudes entre les différents troubles. 

Les conséquences physiologiques et les problématiques de santé sont importantes dans tous les cas, même si elles sont différentes d’un trouble à l’autre.

Les personnes atteintes d’un TCA vivent une souffrance existentielle très forte, parfois lié à un passé / événement traumatisant. Le trouble alimentaire est une stratégie de protection pour répondre à une blessure émotionnelle. Puis, la personne va prendre conscience que cette stratégie n’est plus adaptée et qu’un engrenage infernal s’est enclenché. 

Pour simplifier à l’extrême, on relève généralement des caractéristiques assez communes du tempérament: 

  • Le manque de confiance en soi
  • L’excès de perfectionnisme 
  • Le besoin / l’envie de tout maîtriser et la peur de lâcher-prise
  • La perte de l’image de soi et l’incapacité à aimer son corps 
  • Le rejet de l’image de la femme (féminité, sexualité, sensualité) 
  • Le rejet du désir et du plaisir, associé à un sentiment de culpabilité 
  • La difficulté d’expression verbale et émotionnelle (difficulté à s’associer à ses émotions/ressenti)
  • L’attachement excessif à l’un des parents
  • La peur de ne pas être à la hauteur.
  • Les patients souffrant de TCA sont remplis de conflits internes…On dit usuellement que ce sont des maladies du paradoxe !

Mais il y a également des différences et des spécificités selon les troubles.

Les personnes anorexiques sont à la recherche d’une forme de perfection, sans vouloir rentrer dans un moule qui ne leur convient pas. Elles sont souvent hyperactives physiquement et mentalement.

Chez les personnes boulimiques, gérer ou céder à une crise demande une organisation spécifique qui peut être l’objet de grande pression et d’un stress intense (peur d’être vue, d’être jugée)…  La perte de contrôle est ici vécue comme fortement violente et culpabilisante. Elles se sentent honteuses… et le mal-être s’accroît.

Sophrologie et TCA

Il est donc important de savoir de quoi on parle et d’avoir une approche thérapeutique qui couvre l’ensemble des réalités de la maladie. Il  faut en effet absolument intégrer les spécificités de chacun des troubles afin de pouvoir proposer une approche adaptée aux besoins de chaque malade. Malheureusement, de nombreux accompagnements tendent à une forme de standardisation qui néglige la réalité de la personne. Au final, la thérapie fait plus de mal que de bien.

 C’est à ce titre qu’il est vivement recommandé de se rapprocher d’un praticien spécialisé. Celui-ci connaîtra les besoins spécifiques d’une malade en fonction de son trouble et adaptera les séances en fonction. Ces subtilités feront toute la différence lors de la thérapie.

Les prises en charge existantes des troubles alimentaires… et leurs limites 

Les prises en charge des troubles alimentaires ont évolué ces dernières décennies. Si l’offre est encore insuffisante au regard de la demande, on observe le développement d’approches innovantes. Il s’agit notamment de thérapies centrées sur la personne, telles que la sophrologie.

L’accès aux soins 

Les troubles alimentaires nécessitent absolument une prise en charge pluridisciplinaire car il s’agit de maladies complexes qui touchent différentes sphères (alimentaire, psy, corporelle). Le parcours peut être long et les rechutes nombreuses.

Mais restons positifs. Il y a quand même une bonne nouvelle : il est tout à fait possible de guérir de ces troubles, ou bien de vivre avec eux (à peu près) harmonieusement. D’où l’importance que les personnes malades et leurs alliées puissent être au mieux renseignées et accompagnées. 

Soyons positifs donc… Mais, force est de constater qu’un des enjeux actuel reste la prise en charge (tout court) des personnes malades. On estime que 80% des personnes touchées par ces troubles n’ont pas recours ou accès à des soins médicaux adaptés ! La prise en charge, lorsqu’elle existe, reste donc majoritairement réalisée par des médecins ou thérapeutes généralistes qui n’auront pas nécessairement une approche fine et entière de la maladie. 

Et donc là, il y a un gros hic, puisque ces maladies peuvent évoluer de manière chronique ou co-morbides avec d’autres pathologies comme la dépression, des troubles anxieux, la dénutrition ou l’obésité s’ils ne sont pas pris en charge. 

L’accessibilité aux soins peut être favorisée par la prise en charge en hôpital de jour qui, en dépit d’une forte intensité de soins, offre la possibilité du maintien à domicile. Malheureusement, la plupart des structures de ce type en Europe sont situées dans des zones urbaines, ce qui en limite l’accessibilité aux populations non urbaines. Par ailleurs, même si la situation s’améliore doucement, leur capacité d’accueil reste bien en-deçà des besoins.

Sophrologie et TCA

Une évolution de la prise en charge

L’approche traditionnelle dans la prise en charge des TCA, et de l’anorexie en particulier, reste l’unité hospitalière. Cependant, plusieurs études sur l’efficacité des traitements hospitaliers évoquent des taux de réussite variables, avec un risque de rechute après l’hospitalisation autour de 30 à 50%.

Mais, vraiment, restons positifs. Les thérapies proposées aux patient(e)s ces dernières décennies tendent à évoluer.
L’approche holistique fait (très doucement) son chemin. La personne est plus systématiquement abordée dans toutes ses dimensions : mentales, physiques, corporelles, psychiques, émotionnelles. Pour répondre de façon adéquate aux problématiques rencontrées, on valorise de plus en plus les traitements qui associent la prise en charge nutritionnelle, psychothérapeutique et psychoéducative. 

Le recours à la sophrologie

Parmi les nouvelles pistes explorées, on compte notamment les approches visant à développer la pleine conscience, l’acceptation, ainsi que la bienveillance envers soi. La sophrologie fait partie de ces méthodes qui se sont avérées efficaces pour la réduction des accès boulimiques et hyperphagiques, et qui ont montré de réels bénéfices pour les patients souffrant d’anorexie restrictive.  

En effet, sachant que les troubles du comportement alimentaire prennent le plus souvent leurs origines parmi les désordres émotionnelles, le stress ou la dépréciation de soi, l’approche par la sophrologie permet de traiter efficacement les causes plutôt que les symptômes. Elle permet surtout d’obtenir des résultats durables.

La sophrologie ne permettra pas à elle seule de guérir. Mais elle peut s’avérer efficace pour retrouver le calme, apprendre à évacuer le stress, travailler l’image de soi et de son corps, réintégrer sa place dans son environnement, et travailler une meilleure hygiène de vie.

Les sophrologues tendent ainsi à (enfin) trouver doucement leur place dans l’accompagnement des malades, soit en intervenant directement en unité hospitalière ou en hôpital de jour, ou en complémentarité avec d’autres médecins.

Le travail sophrologique pourra également venir utilement compléter et optimiser les autres thérapies en cours. Par exemple, l’état de conscience modifié dans lequel la personne est plongée lors de la phase de relaxation peut faire émerger des images, des couleurs, des souvenirs qui pourront être mobilisés avec d’autres thérapeutes.

Sophrologie et TCA

Est-il besoin de préciser que nous parlons ici de praticiens spécialisés et, j’aurai envie de dire… “sérieux”. Il y a malheureusement pléthores de “professionnels” qui prétendent pouvoir débarrasser d’une addiction après quelques séances. Ou qui vont promettre de calmer des pulsions alimentaires comme par magie. 

La sophrologie ne fait pas maigrir. Ni grossir. 

Si un praticien vous promet le contraire, fuyez. Vite. Pour votre bien (et celui de votre compte bancaire).

La sophrologie, pour donner et retrouver du sens

Voyons en quoi la sophrologie est une thérapie pertinente dans le cadre de l’accompagnement de personnes souffrant de troubles du comportement alimentaire.

Les troubles alimentaires, ce n’est pas qu’une question de poids


Certaines prises en charge vont se concentrer sur l’axe “alimentaire”. Elles vont orienter la personne vers ce qu’elle doit manger, à quel rythme et de quelle façon. Cette approche est évidemment nécessaire compte tenu des comorbidités sur le plan physiologique. Le travail thérapeutique n’est également parfois possible qu’après une reprise de poids minimale permettant un meilleur fonctionnement cognitif. Mais la seule approche nutritionnelle n’est pas suffisante. 

L’anorexie, la boulimie et les compulsions alimentaires ne représentent que la partie visible d’une souffrance émotionnelle globale de l’individu. Là où certains font le choix inconscient de l’alcool, de la drogue ou du jeu, d’autres se tournent vers la nourriture. Or si, après sevrage, chacun peut s’abstenir de se mettre en contact avec le toxique de prédilection, il n’en va pas de même avec les aliments. La guérison du trouble du comportement alimentaire doit donc forcément passer par l’acquisition d’un nouvel équilibre. Et celui-ci ne doit pas être que nutritionnel… au risque de foncer tout droit dans le mur, le patient n’ayant pas abordé le problème sous-jacent à la pathologie.

Sophrologie et TCA

La seule lutte contre le symptôme (le comportement alimentaire) peut donc être contre-productive. En effet, en agissant de la sorte, on nie la douleur, les émotions négatives ou les pensées intrusives que peut ressentir la personne malade. Cette dernière va même plutôt être amenée à focaliser ses efforts sur un objectif “de poids” … Et cela va en conséquence en amplifier la présence, alors même qu’il est déjà obsédant. 

Favoriser un mieux-être durable plutôt que la disparition immédiate d’un symptôme


La solution face aux TCA n’est donc pas d’essayer de changer les habitudes alimentaires du patient (encore moins en usant de pression) mais de s’attaquer à la racine du problème pour amener le ou la patient(e) en personne à vouloir les changer. 

L’approche proposée par la sophrologie consiste donc davantage à accompagner vers la compréhension des processus permettant un mieux-être plutôt que vers la diminution d’un symptôme en particulier.

Il ne s’agit donc pas de prescrire une reprise de poids, mais d’aider à retrouver dans quelle direction la personne souhaite s’orienter afin qu’elle puisse trouver par elle-même des moyens efficaces de sortir de l’enlisement. 

Un même comportement peut être bénéfique et adapté dans certaines situations et ne pas l’être dans d’autres. Si la personne décide de faire un pas en direction d’une reprise de poids parce que cela lui permettra par exemple d’avancer progressivement vers la mise en oeuvre d’actions importantes pour lui telles que pratiquer une professions qui corresponde à ses valeurs, la motivation sera plus importante que s’il tente de reprendre du poids avec la reprise pondérale comme seul objectif en tête.

Comment soigner un corps qui n’existe plus ?

Dans le cas des troubles du comportement alimentaire, on observe un trouble important de l’image du corps, c’est-à-dire un trouble de l’expérience corporelle. Le corps est perçu comme un objet de souffrance, de crainte et de dégoût. On note en effet une forte perturbation des perceptions, des pensées et des émotions relatives au corps. Ces dernières deviennent violentes, abusives et la perception du corps faussée. Les personnes évoquent aussi souvent une sensation de vide intérieur. 

Sophrologie et TCA

L’esprit et le corps ne parviennent plus à communiquer. Le comportement alimentaire perturbé est alors un moyen de communication avec l’extérieur mais aussi de soi à soi. Faute de mots, faute de symboles adéquats, le corps est pris comme outil de langage.

Par ailleurs, l’alimentation (ou le refus de s’alimenter) est un moyen de punir ce corps qui n’est plus reconnu comme une partie de soi. Les personnes souffrant d’anorexie et/ou de boulimie cherchent à le contrôler. Ainsi, elles parviennent à « anesthésier » leurs émotions et leurs sensations.

Chez les personnes souffrant de troubles alimentaires, on retrouve un pourcentage important de personnes dites “alexithymiques”, c’est-à-dire présentant une difficulté à identifier, nommer, exprimer leurs émotions.  Elles sont dans un état dissociatif. Elles ne finissent par ne ressentir leur corps que dans la douleur ou dans l’effort intense. 

Enfin, il est difficile pour les personnes souffrant de troubles alimentaires d’abaisser la barrière du contrôle pour être dans l’accueil des sensations et le lâcher prise. Sentir son corps peut être douloureux, ressentir les émotions et le plaisir, intolérable…

Ainsi, le corps ne doit plus exister. Alors, pourquoi en prendre soin ? Pourquoi l’alimenter “correctement” ? Comment sentir même les bénéfices d’un accompagnement nutritionnel dans cet état dissociatif ? 

Sophrologie et TCA

C’est dans cet espace que la sophrologie a toute sa place, en permettant à la personne de retisser du lien avec sa vie, le vivant. Elle constitue un moyen de réduire la dissociation entre les perceptions corporelles et l’élaboration mentale de nos ressentis. La sophrologie va venir optimiser les autres accompagnements thérapeutiques et donner un sens à ce qui pourrait être la voie vers la guérison (ou, au moins, le chemin vers une existence plus supportable).

Aborder les causes qui empêchent d’avancer : l’art délicat du lâcher-prise

Les modalités d’accompagnement en sophrologie permettent aux personnes malades de lever tout en douceur, et à leur rythme, les blocages qui les empêchent de guérir.

De la peur de se soigner …

Le T.C.A., quelle que soit sa forme, est d’abord un combat au quotidien contre soi-même. C’est un épuisement profond qui coupe de toute passion, de tout intérêt personnel, de toute envie de relation à autrui. Les amitiés sont parfois compromises, les contacts sociaux écartés, les histoires amoureuses évitées et la vie sexuelle, souvent totalement absente.

La rémission du T.C.A. entraînera une reconnexion au monde, une acceptation de son propre désir, l’accueil des émotions et la redécouverte (ou la découverte !) que l’imprévu n’est pas obligatoirement synonyme de danger. Bref, un programme aussi enthousiasmant… que inquiétant !

En effet, le symptôme s’est installé par nécessité, pour étouffer une angoisse profonde ou encore pour éviter certaines situations redoutées…

Le symptôme est donc utile pour la personne malade. Il est source d’apaisement voire même parfois la seule source de soulagement que l’individu connaisse. Difficile donc d’envisager une existence sans ce symptôme ! Que mettre à la place ? Par quel biais apaiser les futures angoisses ? 

Sophrologie et TCA

Autant de questions inquiétantes qui peuvent entraver le processus thérapeutique… voire tout simplement décourager à entamer un tel processus.

L’accompagnement va donc tenir compte de ces interrogations, de ces angoisses qu’il peut activer. Mais il apportera aussi des éléments de réponse. 

…au sens de la guérison

Il a été démontré, en neurologie, que les actions imaginées produisent des changements au sein des réseaux neuronaux, de la même façon que celles réellement effectuées. Des objectifs vécus en visualisation et en état modifié de conscience activent l’imaginaire et permettent l’exploration de nouveaux processus d’élaboration. 

En aidant l’individu à retrouver une aisance corporelle, à lâcher-prise, à se reconstruire dans sa dimension physique et psychique, la sophrologie permet d’activer et de ressentir ici et maintenant le positif de son existence. Même les éléments les plus infimes pourront être mis à profit. En stimulant le positif, la personne agit sur la structure de son cerveau et active un cercle vertueux pour son corps et son esprit. Le positif entraîne le positif…

Sophrologie et TCA

Ainsi, l’accompagnement est guidé par les valeurs de la personne et non par la recherche de nouveaux moyens de tenir à distance des émotions et des pensées désagréables. Le sophrologue ne va pas proposer à la personne de choisir un comportement à faire disparaître, mais l’encourager à choisir la direction dans laquelle aller, en modifiant son attitude par rapport au comportement présenté comme problématique. Un même comportement peut être bénéfique et adapté dans certaines situations et ne pas l’être dans d’autres.

Au fil des séances, la personne va ainsi (re)contacter ses qualités, ses valeurs, ses pensées, ses limites, bref tout ce qui fait d’elle une personne unique. Ce faisant, elle va se rendre compte que le trouble alimentaire est un mécanisme de défense dysfonctionnel, qui a répondu à un besoin à un moment T, mais dont elle n’a plus besoin (du moins en l’état). A défaut de se libérer complètement du trouble alimentaire, elle aura désormais en sa possession plusieurs outils qu’elle pourra mobiliser au quotidien en lieu et place (même partiel) du trouble alimentaire. Elle accepte que ces mécanismes feront peut-être encore partie de son fonctionnement, sans pour autant régir sa vie. Cette vie, sur laquelle elle a désormais prise, a en effet désormais un sens. 

Alors, la personne peut se réaliser pour vivre au plus près de ses besoins et de ses désirs (professionnels, familiaux…), sans pression réelle ou ressentie : elle est désormais capable de sentir ce qui est juste pour elle, tant dans l’alimentation que dans d’autres domaines de la vie.

La sophrologie, pour recontacter en douceur ses émotions et ses sensations

Nous avons vu l’intérêt de la sophrologie dans le cadre de la prise en charge. Voyons concrètement ce que vont pouvoir apporter les séances.

Se reconnecter à soi pour lever les blocages 

Pratiquer la sophrologie permet donc d’entamer un travail de reconnexion avec son corps et ses sensations, d’apprendre à réinvestir son espace intérieur, à lâcher le contrôle excessif ou encore à se réconcilier avec soi et sa féminité. Ce travail permet aussi, par des visualisations, de renouer avec ses sens. 

Encore faut-il le faire avec subtilité….

Il ne s’agit surtout pas d’appuyer là où cela fait mal. Il serait inutile voire dangereux d’aborder la délicate question de l’alimentation de façon directe. Il s’agira plutôt de développer l’écoute du corps sur des sensations moins difficiles mais pourtant oubliées : sentir une odeur, le contact d’une texture sur sa peau, de l’air sur son visage… Autant de courts moments où la personne sera centrée sur elle-même, en conscience, et pourra développer la relation qu’elle entretient avec elle-même.

Lorsque la personne souffrant de TCA parvient à entrer dans un état de relaxation, le sophrologue peut l’aider à accéder, à son rythme, à une certaine connaissance de soi, dans le respect de ses limites corporelles et psychiques. 

En effet, chez de nombreuses personnes souffrant de ces troubles, l’image et l’estime de soi sont souvent déficitaires. Le sophrologue va alors les aider à porter un regard bienveillant sur elles-mêmes et sur leur corps et à apprivoiser petit à petit cette image de soi. L’accompagnement par la sophrologie favorise ainsi progressivement le développement d’une estime de soi plus solide.

Sophrologie et TCA

La sophrologie permet donc de trouver en soi les ressources positives pour avancer. La personne apprivoise progressivement le lâcher prise et la prise de recul par rapport à ses modes de fonctionnement. Ce rapport renouvelé à elle-même lui permet de prendre de la distance par rapport à ses émotions pour mieux les gérer. Elle regagne en espace, en énergie et liberté pour aller vers le mieux-être.

Connais toi toi-même

Les troubles des conduites alimentaires sont régulièrement l’occasion d’observer de quels façon les processus psychiques et somatiques s’influencent les uns les autres.

Grâce à la sophrologie, en sollicitant ainsi des affects diversifiés et en les exprimant dans des récits, le corps et l’esprit apprennent à faire des liens, le patient se surprend à dénouer, reformuler, reconstruire puis créer sa vie future.

En sophrologie, le schéma corporel n’est pas “l’enveloppe charnel”. Il se définit par la représentation personnelle de tout ce qui constitue la personne :

  • ses émotions
  • ses pensées
  • ses ressentis physiques
  • l’image de soi et de son physique
  • l’intelligence, la réflexion
  • les intuitions, les valeurs

Le schéma corporel se construit dès la naissance jusqu’à l’âge adulte, en fonction des expériences que la personne a vécu et ressenti. Il n’est pas figé, il évolue tout au long de notre vie. Prendre conscience de son schéma corporel permet d’avoir une bonne connaissance intérieure de soi. 

Mieux se connaître et oser se regarder…

Ainsi, la sophrologie aide la personne à mieux se connaître au travers de l’écoute de ses ressentis corporels, mentaux et émotionnels. Par ailleurs, elle intègre les aspects comportementaux, environnementaux et psychologiques qui permettent de contextualiser ses ressentis.

Apprendre à accueillir sans crainte toutes ses émotions  

Tout n’est pas rose lorsque l’on souffre de troubles alimentaires. Le parcours de soin n’est pas linéaire. Aussi, la mobilisation des capacités et ressources positives ne doit pas faire penser que les aspects douloureux seront négligés. 

Bien au contraire : il ne s’agit pas de fuir les émotions négatives mais d’identifier leur utilité.

Sophrologie et TCA

En effet, la posture sophrologique consiste à considérer que l’inconfort (émotionnel, physique, mental) est normal. Il est triste de devoir le rappeler, mais nous avons le droit de ne pas nous sentir bien. Ce qui peut être problématique, c’est la manière dont on répond à un inconfort. En particulier s’il tourne vers un comportement pathologique durable.
L’approche sophrologique vise notamment à développer une relation plus apaisée avec les expériences inconfortables. Il ne s’agit pas de nier la douleur, quelle qu’elle soit. Mais de l’accepter, l’écouter, la gérer, la comprendre. 

L’acceptation de ces émotions négatives n’est pas une résignation. C’est une façon de s’engager sans se laisser enfermer dans une recherche de contrôle inefficace et coûteuse en énergie.

Alors, progressivement, la personne devient plus apaisée, confiante et consciente de sa réalité. Au fil des séances, elle devient capable de lever en douceur ses blocages pour trouver d’autres réponses aux situations de mal-être. Des réponses en cohérence avec ses valeurs et qui feront donc sens pour elle. Ainsi, elle peut s’offrir la possibilité de faire un pas sur le chemin de la guérison, à son rythme.

Afin d’aider les personnes à abaisser leurs barrières mentales, à être dans l’accueil de leurs sensations et non dans le jugement, la sophrologie utilise la relaxation dynamique, à savoir la conscience de soi dans le mouvement. Ainsi, il devient possible de travailler la conscience du corps et de développer son écoute, en séance comme dans la vie de tous les jours. L’avantage de la sophrologie est qu’il n’y a pas de notion de performance, de réussite ou d’échec. Tout est juste au moment où cela se produit. La tentation de se juger en est ainsi réduite, ce qui favorise l’apaisement et la bienveillance envers soi-même.

Sophrologie et TCA

Le bénéfice d’être accompagné par une sophrologue spécialisée

On l’a vu : quel que soit le trouble alimentaire, il y a généralement présence d’une grande souffrance avec risque d’aggravation. Il est donc important d’aider les personnes qui subissent ce type de dépendance. 

Les troubles alimentaires sont des addictions fréquentes pour lesquelles un suivi spécialisé est nécessaire, voire même vital. La sophrologie permet à la personne qui consulte de retrouver un rapport sain à elle-même, une plus grande confiance en elle et un mieux-être significatif. Ce faisant, elle est dans de bonnes dispositions pour traiter durablement son trouble alimentaire. Cela peut prendre du temps, mais c’est essentiel pour s’ouvrir au champ des possibles et faire le deuil de la maladie. Ce travail doit toujours se faire dans les limites de la personne qui consulte.

Ainsi, grâce à l’accompagnement du sophrologue, la personne ira, à son rythme, à la rencontre d’elle-même. Au fil du temps, au symptôme destructeur se substitueront de nouveaux désirs, une créativité naissante, des motivations oubliées.

Sophrologie et TCA

Pour conclure sur une note personnelle …

Aller voir un praticien, c’est déjà courir un risque relationnel. En effet, s’ouvrir à l’autre est une démarche compliquée voire impossible pour les personnes souffrant de T.C.A. 

Lorsque je reçois une personne souffrant de TCA, j’ai conscience que ce premier pas constitue déjà en lui-même une réelle étape. J’ai conscience que pour une malade, établir un lien sans courir le risque de voir son monde s’écrouler n’est pas sans difficulté. J’ai donc à coeur de mettre en place un espace sécurisé et sécurisant afin que la personne accueillie soit à même de quitter progressivement sa bulle protectrice.
Ainsi, j’accueille les personnes souffrant de TCA dans un cadre bienveillant, empathique et sans jugement, basé sur un processus relationnel épanouissant et sécurisant. L’approche thérapeutique se fera toujours tout en douceur, et rien ne sera jamais imposé.

Enfin, pour conclure sur une note plus personnelle, pour avoir été atteinte d’anorexie et de boulimie pendant 10 années, je sais qu’il y a autant de parcours que de malade et donc autant de façon de vivre cette pathologie que de personnes atteintes. La personne est (voire doit) être partie prenante de son suivi : chaque situation est (et doit rester) singulière et unique. Elle connaît ses ressources, ses possibilités, ses besoins, ce sur quoi elle peut s’appuyer…

Mes expériences sont, je l’espère, un atout pour mieux comprendre les malades et optimiser leur accompagnement sur leur chemin de vie. Elles peuvent si elles le souhaitent aborder les détails, même intimes, qui leur semblent justes pour être comprises. Enfin, mon expérience personnelle m’est bénéfique pour aborder ces troubles avec empathie, ce qui représente une aide précieuse dans le cadre de la thérapie.

N’hésitez pas à me contacter si vous avez des questions, des témoignages ou si vous souhaitez bénéficier d’une première séance.

Sophrologie et TCA